Dès notre départ, nous avons entamé une démarche d’investigation par le biais de rencontres avec des professionnels (travailleurs sociaux, universitaires, directeurs d’établissement, psychologues, experts en travail social) dans chacun des pays que nous avons traversés. Contactés en amont ou orientés par des organismes publics (ministère des affaires sociales…), l’ensemble de ces acteurs nous ont reçu chaleureusement dans les locaux des établissements au sein desquels ils exerçaient leurs activités.

Nous avons ainsi récolté le témoignage de 53 représentants dans 23 pays sur l’ensemble des continents. Nous avons visité une multitude de structures sociales telles que des maisons d’enfants, accueils pour personnes en situation de handicap, établissements en charge des femmes victimes de violence ou en situation de prostitution ou encore des institutions accueillant des personnes sans domicile fixe ou toxicomanes. Nous avons ainsi échangé autour de nos pratiques éducatives respectives, posé les questions relatives à notre recherche et ainsi partagé autour de leurs expériences, leurs difficultés et les valeurs qui sont au cœur de ce métier d’accompagnement de personnes en difficultés.

Notre recherche est basée sur différents aspects du métier de travailleur social. Tout d’abord, le type d’organisation, les moyens de financements, mais aussi le public accueilli, les problématiques sociales inhérentes à chaque pays, les difficultés d’exercice du métier, les pratiques éducatives utilisées, les équipes pluri-professionnelle en place, les études requises pour devenir travailleur social et enfin l’identité de cette profession (valeurs…). Aussi, notre étude n’a pas la prétention d’expliciter en détail les schémas d’action sociale dans tous les pays traversés mais de capter des regards, des témoignages de professionnels du travail social afin d’élargir notre vision de ce secteur d’activité et tenter de saisir les réalités de cette profession dans différentes régions du globe.

Il est évidemment impossible d’exposer en quelques lignes les résultats après plus de 30 visites d’organismes sociaux-éducatifs à travers le monde soit près de 15h d’enregistrement vidéo. A titre d’exemple, nous avons pu repérer des spécificités au niveau des questions relatives aux peuples autochtones au Canada, le handicap au Honduras, la stigmatisation des personnes atteintes du VIH au Cambodge, des pratiques éducatives aux Etats-Unis avec l’utilisation de la vidéo durant les entretiens, le travail en équipe en Amérique du sud notamment les relations spécifiques entre travailleurs sociaux et psychologues, les politiques sociales spécifiques à Singapour ou encore la formation de travailleurs sociaux en Inde et dans de nombreux pays à l’heure où la France se questionne sur le rapprochement entre école de travail social et université.