Suite à la très forte propension du virus du sida au Cambodge dans les années 1990, l’ONG Magna a choisi d’ouvrir une maison d’enfants accueillant des mineurs orphelins affectés par le virus du VIH. En contact depuis plus de deux ans avec le coordinateur des programmes de l'organisation, nous avons discuté ensemble des modalités précises de notre intervention lors de notre arrivée à Phnom Penh. Seconde de nos quatre immersions dans un organisme accueillant des enfants en danger à l’étranger, nous sommes intervenus dans les locaux de Magna durant quatre semaines à partir du 15 juillet 2013.
Histoires de vie…
Nous avons eu accès au dossier des quarante-sept mineurs dont voici un exemple illustratif :
Les deux parents de X sont atteints du virus du sida. X nait séropositifs le 4 mai 2008. Trop faibles pour prendre soin de leur nourrisson, les parents décident de laisser la responsabilité de X à l’ONG Magna. Peu de temps après, le père décède des suites de la maladie. La mère travaille à ce jour comme « beer girl » à Phnom Penh (pratique répandue au Cambodge, cela consiste à apporter des boissons à des groupes d’hommes dans des bars dédiés à cet effet. Ce temps est susceptible d’aboutir à une pratique de prostitution). Le traitement anti rétroviraux de X débute le 7 janvier 2009.
Des ateliers…
Après une première semaine dédiée à la prise de contact et la connaissance des jeunes accueillis, nous avons petit à petit mis en place différents ateliers avec les enfants intéressés.
Un atelier magie, sur des petits tours simples où nous avons tenté de leur apprendre des bases de la manipulation de cartes. Une belle expérience et pas mal de fous rires.
Un atelier cuisine, où chaque jour nous réalisions un gâteau avec les enfants que nous dégustions le soir même. Achat des ingrédients, respect des règles d'hygiène et responsabilisation sont les principaux axes que nous avons développés avec les jeunes lors de cette activité. Le dernier jour, nous avons tout de même préparé plus de 150 « french crêpes » dans une ambiance très agréable.
Enfin, un atelier sport réalisé quotidiennement en fin de journée. Football, volley ball, basket ball, badminton, jeux collectifs, nous avons exploré un grand nombre d'activités physiques.
Très demandeurs, les enfants ont semblé ravis de participer aux différents exercices.
Par ailleurs, l'un d'entre nous étant Titulaires d'une licence " Activités Physiques Adaptées", nous avons régulièrement travaillé avec un des enfants, sourd et aveugle, sur des exercices de
manipulation de ballon afin de développer ses sensations et sa coordination musculaire.
Enfin, nous avons acheté divers jeux de constructions. Ceci leur a offert davantage de possibilités afin de se divertir durant les temps informels.
(Extrait de notre synthèse d’activité remis à l’équipe de professionnels au terme de notre immersion)
Quelques observations…
Résidant au sein même de la maison d’enfants durant 4 semaines, nous avons vécu en continu auprès de ces mineurs. Nous avons tout d’abord été marqués par certaines carences affectives. A de très nombreuses reprises, certains d’entre eux nous ont demandé de les porter dans nos bras sont montes sur nos genoux, ou tout simplement sont venus se coller contre nous. La recherche du contact physique a été très présente.
Le non partage d’une langue commune a été un frein évident à une communication plus développée avec les enfants. Nos échanges verbaux se sont donc réduits à des thématiques relativement simples et il a été difficile d’appréhender des sujets plus intimes qui auraient permis de comprendre un peu mieux leur manière d’être et d’agir. Ceci dit, d’une manière générale, la gestuelle, les mimiques du visage, l’utilisation de certains mots simples d’anglais et de Khmer nous ont donné la possibilité de les comprendre mais aussi de se faire comprendre au quotidien. Comme évoqué précédemment, la demande d’attention des jeunes a été telle que le lien s’est tissé aisément et naturellement malgré l’absence d’une langue commune.
Malgré une situation particulièrement difficile à savoir un statut d’orphelin et leur infection par le virus du VIH, les jeunes semblent pleinement épanouies au centre. Seule une demande d’attention et d’affection importante laisse présager des carences affectives certainement liées à l’absence d’un environnement familial traditionnel. La prise des traitements deux fois par jour rappelle neanmoins leur maladie.
Temps extrêmement important dans l’accompagnement socio-éducatif des jeunes, nous avons participé à une séance de « counseling ». Ce temps réunit un groupe d’une dizaine d’adolescents et leurs permet de s’exprimer sur leurs ressentis et leurs émotions à travers des temps de parole. Les mineurs sont également sensibilisés à leur maladie et les précautions qu’ils se doivent de respecter au quotidien et tout au long de leur vie. La grossesse, la sexualité, l’amour sont autant de thèmes qui sont évoqués librement lors de ces séances. Nous avons été réellement marqués par l’importance et la pertinence de cette pratique animée avec beaucoup de tact par « la counselor » de l’ONG.
En exerçant notre métier avec les professionnels en place durant 4 semaines, nous avons partagé le quotidien de ces enfants, observé leurs comportements et tissé une relation de proximité importante avec ces jeunes dont le sourire ne quittent que rarement leur visage.
(Courts extraits de notre synthèse éducative remis à l’équipe de professionnels au terme de notre immersion)
Un support…
A notre retour, un documentaire vidéo sera disponible afin de comprendre un peu mieux ces enjeux et notre travail durant ces 4 semaines au sein de cette maison d’enfants.
Ci-dessous, quelques photos illustratives.
Aussi, n'oubliez pas de consulter la bande-annonce de notre reportage lors de notre première immersion au Pérou.